J’avais parcouru plus de 800 km sur la côte ouest américaine, seule, dans ma voiture de location. En trois jours, j’avais conduit sur des routes sinueuses donnant sur la mer et traversant des montagnes rocailleuses à couper le souffle.
Moi qui n’avais pas pris le volant depuis un an, voilà que je parcourais la Californie comme une grande fille, capable de prendre mes aises sur ces routes qui m’apportaient tellement de bonheur.
On est le dimanche 26 mai, et je dois prendre la route vers Death Valley. Je me réveille dans ma chambre de motel qui sent l’eau de Javel, avec un drôle de pressentiment… J’ai mis ça sur le dos de l’eau de Javel.
Là où les pneus se crèvent.
Je choisis un chemin plus long que l’autoroute, mais qui donne sur des lacs et des canyons. Je roule. Pas trop vite, car ça tourne sec parfois. Je perds le signal sur mon cell, mais c’est pas grave, la vue est tellement belle.
À peine 30 minutes s’écoulent et j’entends un « pock! ». En plein milieu de nulle part. Je crois avoir accroché une roche. Le tableau de bord se met en mode alerte, et moi, en mode panique. La voiture penche d’un côté. Les deux pneus du côté droit viennent de crever. Toujours pas de signal sur mon cell.
On fait quoi dans ce temps-là? On demande de l’aide. Pas l’choix. Des voitures passent. Je leur fais des signes comme une belle dinde. Elles m’ignorent. Je ne sais quoi faire de plus.
À peine quelques minutes plus tard, un policier arrive, m’offre son aide. Ses collègues et lui passent souvent dans le coin, car les crevaisons y sont fréquentes. Il m’amène plus loin, on trouve du réseau, on appelle une remorqueuse, la compagnie de location et les assurances. Et les choses se règlent somme toute assez facilement.
Après le remorquage, le garage, le réparage, je reprends la route, pas mal moins confiante, cette fois-ci. Je décide de changer de trajet et de prendre l’autoroute, cette fois-ci. Je fais 5 heures de route, et je me rends à destination, soulagée d’avoir passé à travers cette journée forte en émotions.
