Randonneuse pas préparée à Yosemite

Randonneuse pas préparée à Yosemite
09/08/2019 Élise Madé

Bon, vous commencez peut-être à le comprendre, je suis de nature anxieuse.

Mais autant je peux être anxieuse et douter de tout, autant il y a une grande part de naïveté en moi. Je pense en fait que ma naïveté me permet parfois de me protéger de mon anxiété. Je m’empêche de trop réfléchir pour avoir confiance et juste foncer. Parce que si je laisse place à mes pensées, les doutes et les questions m’empêcheront de faire quoi que ce soit.

Ça peut sembler contradictoire, cette peur de tout et ce désir profond de foncer. Ces deux éléments sont en moi, se côtoient, se battent constamment. Parfois, c’est la peur qui l’emporte, et d’autres fois, c’est le goût de l’aventure qui gagne.

Quand j’ai décidé de partir en voyage, vous pouvez deviner qui a gagné.

C’est cette naïveté qui m’a menée vers le parc national de Yosemite en Californie. Je trouvais que ça avait l’air beau là-bas. J’avais souvent vu des photos et des vidéos de cet endroit à couper le souffle.

Alors j’avais décidé d’y aller. Pourquoi pas?

Parc national de Yosemite, mai 2019.

Je me suis renseignée sur comment m’y rendre, je me suis booké une auberge de jeunesse à proximité, et c’était réglé. Je n’avais pas lu sur les sentiers, ni sur les meilleurs points d’observation. Je m’étais dit que je verrais une fois sur place.

C’est d’ailleurs pas mal comme ça que j’avais planifié l’entièreté de mon voyage. On traversera le pont une fois rendu à la rivière.

Je sais qu’une fois sur place, tout semble moins épeurant. L’inconnu nous devient déjà plus connu.

Quand tu n’as rien de prévu, tu n’as pas d’attentes, donc moins de déceptions possibles.

Dans ce cas-ci, c’était une bonne chose que je ne sache pas à quoi m’attendre. Si j’avais su, je n’y serais peut-être pas allée.

On m’avait fortement recommandé de faire le sentier « Mist Trail », alors sans trop me poser de questions, j’ai décidé que j’irais. Et en plus, je m’étais faite une nouvelle amie à Yosemite qui voulait faire la même chose. Alors go, on est devenues des nouvelles partners de randonnées, et y est allées.

Il s’avérait que le sentier était super à pic. À bien des moments, j’étais essoufflée. J’avais du mal à suivre le pas de mon amie. À un tel point que je l’ai perdu de vue après avoir convenu avec elle de la rejoindre plus loin dans le sentier. Je me sentais exactement comme dans mes cours d’éducation physique au secondaire quand je n’arrivais pas à suivre le groupe… Mais j’essayais de ne pas me laisser décourager.

Sur le sentier Mist Trail, Parc national de Yosemite, mai 2019.

Une partie du sentier longeait une chute. C’était mouillé mouillé. Il y avait plein de monde qui montaient, comme moi, des marches glissantes en pierre qui n’en finissaient plus. J’avais le vertige, je ne pouvais pas regarder en bas. Mes souliers pas du tout adaptés aux randonnées ne m’aidaient pas à me sentir en confiance.

Et plus tard dans la randonnée, nous avons dû traverser, littéralement, une chute en plein milieu du chemin. Ça m’a trempé les deux pieds bien au complet. Rendu là, qu’est-ce que tu peux faire de plus?

Si j’avais su tout ce qui m’attendait, je me serais dit que ce serait trop difficile. Je n’y serais probablement pas allée.

Mais je l’ai fait. Et ça a été l’un des plus beau moment de mon voyage. La vue au sommet de la montagne en a valu le coup. L’immense forêt, les chutes d’eau, les dômes de granite… c’était simplement magnifique. J’avais devant moi le paysage américain par excellence, comme on voit dans les films.

Il fallait traverser ce sentier ardu pour avoir accès à un point de vue aussi magnifique. Et l’épreuve physique m’a fait drôlement plus apprécier ce qui se dévoilait à moi.

Je serais passée à côté d’un moment extraordinaire si j’avais laissé la peur l’emporter sur moi.

Couleur préférée: bleu.